Info TeamFootball – L’Arabie Saoudite est devenu la destination incontournable pour de nombreux joueurs de football en quête de projets sportifs et financiers solides. Avec un afflux sans précédent d’agents souhaitant placer leurs poulains dans le championnat saoudien, l’évolution de la Saudi Pro League est sur toutes les lèvres.
« Je n’ai jamais reçu autant d’appels d’agents pour être introduits en Arabie Saoudite ». Un intermédiaire bien installé au Royaume n’a pas une seconde pour lui depuis le mois de mai. Son téléphone n’arrête pas de sonner. S’il a bien voulu prendre le temps de se confier à TeamFootball, c’est entre 2 réponses à des conseillers de joueurs du monde entier.
« Les Saoudiens savent faire du business depuis toujours, ils ne vendent pas du rêve aux joueurs de football, ils leur vendent des projets sportifs et financiers bien ficelés », annonce cet intermédiaire d’une quarantaine d’années, basé à Riyad (Arabie Saoudite). « L’ambiance est meilleure ici, car le foot business a tué le football européen. Les effectifs sont bondés, les joueurs sont de la marchandise, ils ne se parlent plus car il y a trop de concurrence, ils ne jouent plus par plaisir… » Comprenez, pour retrouver du plaisir, il faut évoluer en Saudi Pro League. Le monde entier voudrait jouer là-bas.
“C’est une révolution en cours, que personne n’a vu venir, ou presque” – Grégoire Akcelrod
Des informations confirmées par Grégoire Akcelrod, agent français devenu manager de la préparation d’avant-saison du club saoudien Al Ahli SC, promu au recrutement XXL (Mahrez, Firmino, E. Mendy, Saint-Maximin, Boudebouz). « J’ai vu la folie autour de Firmino pendant la préparation d’avant-saison en Autriche », préparation qu’il a gérée au quotidien, « les stars attirent les foules, génèrent des émotions, c’était fantastique. »
Avant de poursuivre : « Ce fut 3 semaines avec beaucoup de bienveillance, de chaleur humaine et une excellente ambiance, j’avais rarement vu ça dans le monde du football professionnel ! D’habitude, il y a beaucoup de clans, l’ambiance est mauvaise, il faut se méfier de tout le monde. »
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En tant qu’agent, Grégoire Akcelrod a été le témoin de la métamorphose du championnat saoudien. « C’est une révolution en cours, que personne n’a vu venir, ou presque. Ce sont des gens hyper sérieux, des businessmen rigoureux. Ils ont les mains libres mais ils ne font pas n’importe quoi. »
Et d’après le Français de 40 ans, les Saoudiens ne balancent pas l’argent par les fenêtres : « Un joueur français de Bundesliga a reçu une offre d’un club saoudien début juin, un contrat de 2 ans à 2,5M€ par an, cela a été refusé par son agent. En août, on ne lui proposait plus que 500 000 euros par an. D’autres lui sont passés devant, les stars sont désormais en vitrine, les tarifs sont moins élevés pour les autres. »
Des joueurs pas heureux en Europe ?
D’après plusieurs intermédiaires ou agents, « il y a tellement de demandes de joueurs de tout niveau de venir en Arabie Saoudite que les clubs de Pro League n’ont même plus besoin de surpayer. » Ils ont réussi leur coup. « D’autant que les salaires annoncés dans la presse ne sont pas les bons. C’est bien plus complexe que ce qui est annoncé », précise Grégoire Akcelrod. Primes à la signature, primes d’éthique, primes d’image, etc.
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« Ils sont capables de proposer un transfert à 300M€ au PSG pour Mbappé, ça, c’est vrai. Mais à côté de ça, ils ne vont pas surpayer un simple joueur », clarifie Grégoire Akcelrod. « C’est très mauvais pour le football européen, qui va souffrir. Le niveau va forcément baisser. Je préfère voir un match avec Ronaldo, Benzema, Kanté qu’un match basique de Ligue 1. On pense qu’on est les meilleurs en Europe, alors on va mettre un peu de temps à se rendre compte que la donne a changé. C’est un cercle vertueux qui démarre ici en Arabie Saoudite. » Et à la fin, c’est toujours l’argent qui gagne ?
Une Europe du foot sans valeur ?
Grégoire Akcelrod est persuadé d’une chose : « Les joueurs ne sont pas heureux en Europe ! Trop de concurrence, trop d’incertitudes, trop de problèmes. Ils retrouvent le plaisir simple de jouer au football en Arabie Saoudite. » Mais attention, « les Saoudiens sont très professionnels et pointilleux. Ce n’est pas du tourisme ou de la pré-retraite. Ils sont là pour le rappeler quand un joueur arrive en retard. »
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L’agent, auteur d’un livre sur son incroyable parcours, paraît las de la vie dans les coulisses du monde du football : « La Saudi Pro League, ça va durer et l’Europe va devoir s’adapter. Le foot moderne manque de valeur, les gens n’ont aucune parole. Même un mandat ou un contrat, ça ne vaut rien. Le business du foot, c’est l’arnaque permanente entre agents. Comme les agents se comportent mal, les joueurs aussi. Il faut être blindé mentalement, ou alors vous faites face à beaucoup de désillusions. »
Une SuperLeague avec les clubs saoudiens ?
Le championnat saoudien est aujourd’hui celui de clubs développés par des fonds d’investissement là pour améliorer l’image du pays. Toutes les entreprises, bien souvent reliées entre elles via le fond souverain (PIF), tirent dans le même sens : Faire grandir le Royaume.
Une manne financière estimée à 20 milliards d’euros est consacrée au développement du football. « L’Arabie Saoudite, c’est le futur », s’enthousiasme un intermédiaire proche du transfert de Sadio Mané à Al-Nassr. Des mots qui font écho au plan Vision 2030, à la volonté d’organiser l’Exposition universelle ou encore une prochaine Coupe du monde de football (2034 ? 2038 ?).
Que fera l’UEFA pour contrecarrer cela ? Certains imaginent une Superleague réaménagée ou alors une super compétition entre les meilleurs clubs européens et les meilleurs clubs saoudiens. Clubs saoudiens qui faisaient déjà partis avant cet été des meilleures équipes d’Asie et du Moyen Orient. Une vraie culture foot ?